Pourquoi faut-il s'exporter en 2022?
Dernière mise à jour : 22 juin 2022
Pourquoi faut-il exporter? À première vue la question semble évidente et facile à répondre. Certains diront il faut exporter pour gagner des devises étrangères. D'autres diront qu'il faut exporter pour diversifier l'économie. Même s'il y a une once de vérité dans tout ça, un entrepreneur n'est pas un ministre ni un président de la république pour s'inquiéter des statistiques nationales. Un entrepreneur, quant il s'agit d'exportation, doit plutôt se poser les questions suivantes: Quels sont les marchés disponibles pour mes produits et services? Quel types clientèles puis-je trouver à l'étranger? Quel est le pouvoir d'achats de ces personnes? Comment consomment-ils des produits ou services similaires aux miens? Et bien sûr, très important comment puis-je pénétrer ces nouveaux marchés? Quelles sont les barrières d'entrée? Quels sont les concurrents? Ai-je besoin d'autorisation, certifications spécifiques pour importer mes produits?
Voilà à mon sens une noble tâche que nos ministères des PME et du développement industriel devraient s'atteler à travailler. Comment aider nos entrepreneurs à trouver des débouchés internationaux? Comment créer des relais ou des ponts dans différentes capitales mondiales pour nos entrepreneurs et leurs produits? Les marchés locaux et autres foires ne servent qu'au marché local pour les congolais et les étrangers sur place qui sont les seuls bénéficiaires de ces initiatives.
Je vois 5 raisons d'exporter.
1. La faible démographie congolaise et le pouvoir d'achats des congolais.
C'est connu de tous que la population du Congo qui oscille entre 5.5 et 6 millions d'habitants représentent un petit marché comparativement à des pays comme la République Démocratique du Congo ou même l'Angola. Kinshasa a elle seule à 15 millions d'habitants. Luanda compte de 9 millions pendant que Brazzaville n'a qu' 1 million d'habitants.
Plus on s'éloigne des centres urbains plus la densité de population diminue. Brazzaville compte environ 1million d'habitants et Pointe-Noire, la deuxième du pays, à peu près 750,000 habitants.
Le pouvoir d'achat au Congo est faible non seulement par rapport au revenu minimum qui se situe à 90,000 FCFA. Il est entendu que tout le monde ne gagne pas ce montant. Il y a en revanche plus de personne qui gagnent un salaire proche de 90,000FCFA que de personnes qui gagnent 2 millions de FCFA.
La plupart des biens de consommations au Congo proviennent des importations venant de pays européens. Nous sommes un débouchés pour ces pays. L'inverse n'est vrai que pour le pétrole, le bois et les quelques minerais que nous possédons.
Je dirai également que les congolais consomment local mais par dépit. Ce que l'on trouve de disponible au Congo peu parfois être de moindre de qualité et à des prix plus intéressant que l'équivalent importé. Par exemple le thé et le bulukutu.
2. Les préférences d'achats des congolais.
Subjectivement parlant l'appétit des congolais pour les produits transformés par des congolais est plutôt faible. Les produits congolais sont dépositaires de tous les maux que l'on peut retrouver dans le commerce. La qualité, le service après-vente, la satisfaction du produit, le prix, la disponibilité sur de longues périodes, etc...
Le client congolais a souvent une approche péjorative quant il s'agit de produits fabriqués au Congo par des congolais. Le niveau d'exigences est parfois décourageant. Satisfaire les congolais semblent être impossible.
C'est évident l'objet de notre mission chez Mokondzi. Trouver les meilleurs produits congolais fait par des congolais. Cosmétiques, films, apps, services, évènements, livres, habillement.
Au-delà des frontières du Congo, on s'intéresse plus au produit qu'a l'individu. Le produit répond t-il à mon besoin? Correspond t-il à mon budget? Respecte t-il certaines normes?
6e édition du marché artisanal "Zando ya beto". Inauguration 8 juin 2022 par la ministre des PME Lydia Mikolo
Crédit DGPME
3. La diaspora et son appétit pour les produits du pays.
La diaspora, et ce peu importe le pays africains, que vous prendrez, n'a pas le même pouvoir d'achat, n'a pas les mêmes habitudes de consommation de ceux restés au pays.
Ils vivent dans un autre environnement, ils peuvent faire des achats en ligne, gagnent plus d'argent et ont donc plus de revenu disponible à dépenser pour des loisirs ou des produits exotiques.
La diaspora africaine est informée cultivée et diplômée, a des exigences, aime son continent et peut investir sans soucis sur des produits qu'elle aime et veut voir se développer.
La diaspora cherche des succès story et ne demande qu' à être impliquer pleinement dans le développement du continent en soutenant des initiatives locales.
Ceci est tant dit la diaspora souffre d'un "mal du pays" où le pays nous manque assez pour vouloir y retourner uniquement pour des périodes très courtes.
Pas de réinstallations. Juste un petit touch and go. Même pour ceux qui critiquent abondamment le Congo. Ceux qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas revenir au Congo, le pays leur manque.
Une forme de sabotage personnel de critiquer le gouvernement depuis l'étranger et pleurer qu'on ne plus y rentrer car considérés comme indésirable.
Trouver quelque chose qui nous rappelle le pays en étant a l'étranger est simple magnifique.
Les vidéos sur notre chaine youtube Mokondzi: l'entrepreneur congolais sont un parfait exemple de produit congolais disponibles à l'étranger.
Nous avions découvert des pièces d'or et d'argent (999.9 fine) frappées avec les armoiries du Congo. (ici)
Une crème hydratante fait a base d'huile de safou. (ici)
Une bande dessinée écrite et dessinée au Congo disponible sur amazon. (ici)
L'ambiance du pays mais surtout toutes ces richesses. Être en capacité d'obtenir des produits du pays dans un environnement idéal, est une chance.
Le sentiment d'appartenance est point essentiel sur lequel je m'appuierais une campagne de communication auprès de la diaspora.
4. Débouchés pour les produits congolais.
Contrairement à Brazzaville et Pointe-Noire qui comptent deux grands magasins "Casino et ParkNShop" , les points de vente sont très limités au Congo. Les marchés domaniaux ne sont pas des lieux de commerce utilisés par les entrepreneurs mais plutôt par des petits commerçants.
Paradoxalement, les marchés domaniaux devraient être de véritables lieux de rencontres pour les entrepreneurs et leurs clients. Les habitudes des congolais indiquent clairement que quand ils vont au marché , c'est pour dépenser de l'argent.
Nos "marketplace" existent déjà.
La consommation de produits afro est stimulée par la diaspora africaine. les grands groupes comme l'Oreal ou Pantene pro V rachètent des entreprises spécialisées en produit afro.
D'autres entreprises s'intéressent au marché africain en ouvrant des filiales.
Le résultat de tout ça et que nous allons restés consommateur et non producteurs.
C'est précisément à ce point d'entrée que le gouvernement doit intervenir en étant protectionniste pour ses startups. Le gouvernement doit s'atteler à clarifier et faciliter les procédures d'exportation.
Quand je parle de débouchés, je pense également au travail de lobbying qui devrait être fait par les représentant diplomatiques congolais à l'étranger.
Nous avons une myriade d'ambassades en Europe.
Chaque ambassade devrait avoir une chambre de commerce et d'industrie des entreprises créer par des congolais de l'étranger.
Créer des colloques et des rencontres avec des chefs d'entreprises et responsables politiques locaux.
5. Développer son entreprise.
Sans client, vous n'avez pas de vente , sans vente vous n'avez pas de chiffres d'affaires, sans chiffres d'affaires vous n'avez pas de développement possible.
Se lancer à l'international est sans conteste un élément décisif pour développer son entreprise.
Augmenter son CA.
Côtoyer d'autres marches avec des besoins différents.
Développer une expertise beaucoup plus large.
Internationaliser sa marque pour ouvrir de nouvelles opportunités ( partenariat notamment).
Beaucoup liront cet article et manifesteront leurs scepticisme face à l'effort nécessaire pour exporter son produit.
Mais demandez-vous plutôt, faut-il attendre que les planètes soient alignées de telle sorte que les congolais aient le pouvoir d'achat nécessaire, soient suffisamment nombreux, que nos entrepreneurs aient toutes les certifications nationales et internationales pour consommer leurs produits?
Ou bien devrions-nous faire le chemin inverse: se lancer a l'international et après venir conquérir le marche domestique congolais? Voila un vrai dilemme.
Nos entrepreneurs doivent se concentrer sur leurs entreprises et non sur les statistiques nationales. Réduire le chômage, créer des emplois, diversifier l'économie n'est pas et ne sera pas votre travail. Laisser le gouvernement faire son boulot d'analyser les chiffres.
Préoccupez-vous de votre CA
Préoccupez-vous de vos clients.
Préoccupez-vous de vos bénéfices.
Préoccupez-vous de vos employés.
Préoccupez-vous de votre marque.
Pensez-vous que les startups congolaises doivent se concentrer sur le marché international?
- Oui, il faut prendre le taureau par les cornes et les sabots
- Non, on n'est pas prêt pour vendre de PNR à Bétou.
- Je ne sais pas. Un pied dehors. Un pied dedans.
Kevin Noumazalzayi
Pour le blog de Mokondzi